Tables d'exception
Les restaurants des palaces de la Côte distillent un art culinaire sans égal. Tour de tables chics.
Une adresse prestigieuse, dans un environnement idyllique, chapeautée par un chef parfois étoilé, le ton est donné. Ici, on déjeune et l’on dîne façon semi ou gastronomique, avec une relative simplicité ou force apparats. Dans la ville du Festival, l’épicurien n’a que l’embarras du choix. La divine Croisette lui propose la Brasserie Carlton (de l’hôtel éponyme), La Palme d’Or (où officie désormais, et seul, Christian Sinicropi) et la Villa des Lys (l’enseigne du Majestic Barrière). Ce trio sans surprise bénéficie, outre les talents de leur chef respectifs, d’une vue sur la Méditerranée que la terre nous envie. Dans un registre différent, mais tout aussi qualitatif, le Mahatma, de l’Hôtel 3.14 et le 38 The Restaurant, de l’Hôtel Gray d’Albion misent sur une déco originale (hindou kitch haut de gamme pour le premier, résolument contemporaine et Starckienne pour le second). D’un côté, la cuisine se veut « d’atmosphère », de l’autre, world. Niché dans le parc de l’établissement, au Cap d’Antibes, l’Eden-Roc reste l’anti-showbiz, même si les stars de la planète se bousculent pour s’y attabler pendant la quinzaine cinématographique. Son chef, Arnaud Poette est comme l’endroit, discret. Mais il concocte des rougets de roche poêlés à l’Antiboise qu’il faut goûter au moins une fois dans sa vie de gastronome. Dans la capitale du département, deux rendez-vous, diamétralement opposés, ont chacun leurs aficionados. L’inévitable Rotonde, de l’Hôtel Negresco mise sur les flons-flons, les chevaux et les automates musiciens pour imposer un style délicieusement baroco-pompadourien. Les serveuses sont en tenue niçoise et Jean-Denis Rieubland fait preuve d’une belle maîtrise des recettes du cru (raviolis ouverts aux artichauts, gambas en bouillon citronné…). A mille lieux de là, et seulement trois cents mètres, le Padouk, du Palais de la Méditerranée, abrite, au troisième étage, le restaurant tenu par Bruno Sohn. Un Alsacien devenu spécialiste des produits de la Méditerranée (petite polenta au gorgonzola, stockfish allégé, ou petits farcis). Sur la route de Monaco, une halte s’impose au Cap (Grand Hôtel du Cap Ferrat), palace centenaire chargé d’histoire où Didier Aniès (ex La Coupole) a pris la direction des cuisines. En principauté, un duo gagnant, sublimissime à tous niveaux, avec deux rois de la gastronomie, Alain Ducasse (représenté par Franck Cerutti) au Louis XV-Alain Ducasse et Joël Robuchon (et Christophe Cussac) au restaurant éponyme. La table de la place du Casino, ce sont les ors et l’opulence, celle de l’Hôtel Métropole Monte-Carlo, c’est le design signé Jacques Garcia ; l’un rend au goût ses lettres de noblesse, l’autre distille l’esprit zen et monacal. Deux visions du Rocher, antinomiques à première vue, mais tournées vers un but, la cuisine élevée au rang d’art majeur.
Carnet
38 The Restaurant, 38 rue des Serbes, Cannes (04 92 99 79 60). A partir de 50 €. Brasserie Carlton, 58 La Croisette, Cannes (04 93 06 40 21). Environ 55 €. Eden-Roc, boulevard Kennedy, Le Cap d’Antibes (04 93 61 39 01). A partir de 90 €. La Palme d’Or, 73 La Croisette, Cannes (04 92 98 74 14). A partir de 60 €. La Rotonde, 37 Promenade des Anglais, Nice (04 93 16 64 00). Environ 50 €. Le Cap, 71 boulevard du Général de Gaulle, Saint-Jean-Cap-Ferrat (04 93 76 50 50). A partir de 90 €. Le Louis XV, Hôtel de Paris, Place du Casino, Monaco (00 377 98 06 88). A partir de 90 €. Le Padouk, 15 Promenade des Anglais, Nice (04 92 14 76 00). A partir de 60 €. Mahatma, 5 rue François Einesy, Cannes (04 92 99 72 00). A partir de 60 €. Restaurant Joël Robuchon, 4 avenue de la Madone, Monaco (00 377 93 15 15). A partir de 90 €. La Villa des Lys, 10 La Croisette, Cannes (04 92 98 77 43). A partir de 90 €.
Par Cécile Olivéro
