Valbonne et Biot
Si la réputation du premier dépasse largement les frontières de l’Hexagone, la situation dominante, la profusion de vues mer et des prix immobiliers plus abordables caractérisent le second. Situés aux portes des grandes villes côtières, les villages provençaux rassemblent de nombreux adeptes.
Valbonne est sans aucun doute le village-phare du secteur , introduit Richard Wolf de Riviera Realty, une agence associée avec le réseau Knight Frank. « Son aura sur la scène internationale rejoint la cote de Mougins qui avait pourtant pris une longueur d’avance. » Ici plus qu’ailleurs, le bouche-à-oreille fonctionne. Les acquéreurs agissent systématiquement sur recommandations. La communauté anglo-saxonne est fort présente. Tous les vendredis, jour de marché, la langue de Shakespeare résonne au sein du bourg en forme de damier. Pour la première fois, l’école accueille plus d’étrangers que de Français. A Valbonne comme à Biot, la résidence principale l’emporte. Britanniques, Scandinaves et Hollandais s’installent en famille, le chef effectuant les allers-retours professionnels, facilités par une offre aéroportuaire parmi les plus larges du pays. La ville se dresse au centre d’un tissu scolaire international. Entre l’établissement de Mougins, le CIV de Sophia-Antipolis et la section de Fénelon inaugurée à Grasse il y a deux ans, les petits Européens ne manquent pas d’options. 20-25 mn de voiture suffisent à rallier l’aéroport et le littoral, même si les commodités et les commerces implantés sur place permettent de s’en passer aisément. La configuration de Biot est un peu différente. Difficile déjà de confronter les cœurs historiques. La place des Arcades obtient un franc succès, tandis que les Biotois trouvent davantage leur bonheur sur la route principale. L’accès, ponctué de zones industrielles, est moins direct et attractif que celui de l’illustre voisin. En compensation, le site médiéval bénéficie de vues mer, autorisées par la position dominante et de coûts immobiliers inférieurs en moyenne de 20 %. Les deux communes arborent un calendrier culturel diversifié et dense. La qualité de vie constitue, avec le cadre bucolique, leur principal argument.
« Sur la gamme 1,5-5 M €, 90 % des acheteurs sont étrangers et nourrissent le rêve d’une résidence secondaire en Provence », révèle Jeroen Zaat de Riviera Home Finders. La plupart exige une adresse à distance pédestre des villages. La pénurie de produits sévit sur Valbonne. La préférence des clients va au Domaine de la Véronière, aux terrains de 5000 m2, cernés de forêts et proches des galeries d’art, dont le seul inconvénient tient à l’absence de panorama dégagé. Un défaut que n’ont pas les propriétés du Peyniblou et du Val Cuberte. A Biot, les quartiers courus s’appellent le Domaine des Clausonnes, le chemin de la Chèvre d’Or et, dans une moindre mesure, le Domaine du Bois Fleuri. Prévoir, au sein de la patrie des verriers, un ticket d’entrée équivalent en individuel à 500.000 €, contre 700.000 € coté Valbonne. La maison type développe 250 m2 sur une parcelle de 2500 m2 avec piscine et aperçu Méditerranée et vaut 2 M €. Les amateurs de vieilles pierres déboursent 500.000 € pour 80 m2 en bon état dans l’environnement immédiat de la place des Arcades. Le marché biotois est essentiellement français. Le succès du parc d’activités de Sophia-Antipolis, 2300 ha, 1276 sociétés et 26.000 employés, rejaillit immanquablement sur la demande. Quand l’architecture néoprovençale n’a plus droit de cité, l’ultra contemporain peine encore à s’imposer, excepté en décoration intérieure.
Michaël Zingraf de l’agence éponyme nuance la disparité observée entre les deux localités. S’il ne doute pas du rayonnement de Valbonne, le spécialiste évoque le Mas Julien, le Manoir des Clausonnes ou le Domaine des Astres d’environ 180 ha. « Ces ensembles édifiés à Biot apportent la preuve que le choix repose parfois sur les produits plus que sur les codes postaux. » Toutes les collectivités du Pays Grassois, Roquefort-les-Pins, Le Bar-sur-Loup ou Plascassier, situées à la même distance des pôles d’attraction, apparaissent comme des concurrentes potentielles, au même titre que les Alpilles ou le Luberon, moins onéreux sans le label Côte d’Azur. Lorsque certains osent la comparaison entre Valbonne et Mougins, il convient de préciser qu’un positionnement en plaine n’obtiendra jamais la réussite d’un village perché et que les beaux quartiers du second remportent les suffrages haut la main. « Le climat actuel est à l’assainissement du marché », poursuit le professionnel. « Tous les excès sont par essence dommageables et méritent correction. Néanmoins, l’immobilier reste une valeur-refuge et le haut de gamme azuréen échappe encore aux secousses. »
Par Laetitia Rossi
