Saint-Tropez, à la veille d’une reprise
Le mythe tropézien est toujours aussi vivace. Célébrités, amoureux de la mer et étrangers en goguette apprécient la destination du premier département touristique de France. Malgré les innombrables festivités qu’égraine le calendrier, le village de pêcheurs conserve son authenticité, celle d’un temps où les artistes de la Nouvelle Vague et des Yéyés le découvraient.
Au sein de la bourgade de 5275 habitants, les ruelles colorées et les marchés provençaux tiennent la dragée haute à la citadelle du XVIe siècle et à l’incontournable musée de l’Annonciade. Si les badauds se bousculent sur le port et s’attablent volontiers à la terrasse de Sénéquier face aux yachts luxueux, les amateurs d’espace et de calme prennent la direction des domaines viticoles de la presqu’île ou des villages perchés de Ramatuelle et de Gassin. La première ville libérée lors du débarquement de Provence, le 15 août 1944, s’inscrit très rapidement comme une station balnéaire de renommée internationale. A l’instar de Brigitte Bardot, qui y déchaine les passions dans « Et Dieu créa la femme » dès 1956 au gré d’un mambo endiablé, la jet-set du monde entier tombe sous le charme de la destination, pourtant peu accessible. Une adresse que, malgré les crises et les tentations exercées par Ibiza, Marrakech ou, plus récemment, Porto Cervo, cette clientèle fortunée n’oublie pas. En 1958, B-B achète la Madrague, sur la route des Canebiers. Cinquante trois ans après, Saint-Tropez, le fief estival des stars et des capitaines de l’industrie du monde entier, n’a pas pris une ride.
« Le premier trimestre 2011 s’avère prometteur », annonce d’emblée Valérie Chandler de Saint-Tropez Home Finders. La professionnelle, attachée à des notions de proximité, de confiance et de compré-hension mutuelle entre l’agent immobilier et ses clients, avoue, entre le 1er janvier et le 15 mars, trois ventes (une à Gassin et deux à Ramatuelle), ainsi que des contacts avancés sur Saint-Tropez dans des budgets allant jusqu’à 20 M €. Les PLU resserrent la vis du droit à bâtir. Plus que jamais, la rareté, autrement dit l’emplacement, fait le prix. Une maison de ville - 200 m2 habitables sur une parcelle de moins de 1000 m2 - dans le cœur historique, peut avoisiner les 5 M €, alors qu’une belle villa bien placée de 350 m2 sur 3000-4000 m2 dominant la Grande Bleue commence à 12 M €. Le pourtour immédiat de la place des Lices et le boulevard Patch, qui autorise un accès pédestre aux plages, remportent actuellement un franc succès, même si Les Parcs de Saint-Tropez et Le Capon restent des valeurs sûres, à condition de disposer d’un minimum de 10 M €. Il s’agit, ensuite, d’une question de choix entre la proximité d’un côté et le prestige, l’espace et la vue mer de l’autre. Les acquéreurs sont essentiellement nord-européens, scandinaves, allemands, suisses ou belges.
« Sur le segment individuel, il y a quelques références, certes peu nombreuses, sous la barre des 5 M € », complète Alex Filippini d’Alex Agency. Un Suédois vient, par exemple, de s’offrir une bâtisse restaurée de 140 m2, ouverte sur un jardinet de 600 m2, avenue Foch, moyennant 2.150.000 €. Dans les tablettes figurent 220 m2 à rénover sur 800 m2, à deux minutes de marche de la place des Lices, à 2,7 M € et près de 300 m2 à remettre au goût du jour sur 1,7 ha, au-dessus du boulevard Patch, à 5,5 M €. L’activité en ce début d’année se rapproche de la vitesse de croisière observée en 2005 et 2006, après deux exercices calmes, une correction des valeurs et un assainissement global du marché. L’appartement, en général, et les grandes surfaces, en particulier, jusqu’à 1,5 M €, réunissent des adeptes. Une première ligne, sur le très typique port tropézien, peut flirter, comme sur La belle Croisette à Cannes, autour des 30.000 €/m2. L’essentiel des acheteurs de villas, situées de préférence près du centre, se montrent prêts à débourser 3-4 M €. Maintenant, on enregistre également des demandes d’hôtels et de propriétés pied dans l’eau de 10 à 25 M €. Cette volonté d’investir des sommes conséquentes, que ce soit à vocation commerciale ou dans le simple but de profiter d’un site paradisiaque quelques semaines par an, est un signe fort de reprise.
« Pendant la crise, le haut de gamme souffre, comme les autres catégories d’ailleurs. Il apparaît clairement que, au creux de la vague, la tranche 1,5-2,5 M € demeure la plus porteuse. C’est dans cette optique que le Groupe Maison Blanche lance « Villa Maxima », un ensemble de standing regroupant neuf appartements, dont deux penthouses débouchant sur 300 m2 de terrasses avec piscine privative, et quatre maisons aux finitions ultra contemporaines sur la commune de Sainte-Maxime, à 50 mètres de la plage, face à Saint-Tropez », précise Philippe Blatgé, le représentant local. L’appartement se négocie de 1,4 à 2,6 M €, tandis que la bâtisse indépendante vaut aux alentours de 2,6 M €. Les candidats, des résidents secondaires originaires du Nord de l’Europe dans la majorité des cas, ne devraient pas manquer. Le programme constitue, en effet, une alternative aux tarifs tropéziens. Au même titre que « Azur Roc » d’Ocean Properties Construction, des villas neuves du côté de Beauvallon de 330-450 m2 sur des parcelles de 7000-12.000 m2 surplombant la mer et les caps, comprises, hors exception, entre 4,5 et 5,5 M €. L’équivalent au sein du mythique port de pêche vaut facilement 8 M € et au-delà. Difficile pourtant d’oser de telles comparaisons. Contrairement aux autres communes du golfe, Saint-Tropez est un marché paradoxalement aussi volatile que sûr, caractérisé par de violents phénomènes d’emballement. Plus qu’une adresse… Il s’agit d’une marque, d’un label.
Par Laetitia Rossi
