Les propriétés historiques des Alpes-Maritimes
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Les propriétés historiques des Alpes-Maritimes

L’architecture dite Belle Epoque règne en maîtresse absolue de 1850 à 1925, période faste pour la Côte d’Azur, qui cristallise alors l’attention des nantis et des têtes couronnées d’Europe. De la frontière italienne à la limite varoise, les bâtisses historiques déclinent leur charme.


Le courant marie les styles et les influences, qu’elles soient britanniques, italiennes ou même orientales. En écho aux progrès techniques et à l’amélioration des conditions sociales, les constructions de la fin du XIXe et du début du XXe siècle évoquent, parfois de manière exubérante, une certaine prospérité et joie de vivre. « L’arrivée des aristocrates britanniques et russes stimule la prolifération du style Belle Epoque sur la Côte d’Azur, spécialement sur le littoral méditerranéen, où se construisent les fameuses villégiatures d’hiver », précise Christelle Mayen de Waldorff. « Si Menton et le Mont-Boron à Nice font la part belle aux hôtels particuliers répartis sur trois niveaux, les demeures de maîtres édifiées au sein de généreux domaines parsèment Cannes, Beaulieu-sur-Mer ou les caps. » Le ticket d’entrée démarre à 4 M €. Et les records de vente concernent souvent ces biens particuliers, dont les Européens de l’Est se montrent si friands.

« A Cannes, les quartiers dits Belle Epoque sont La Californie et La Croix-des-Gardes, deux secteurs caractérisés par un fort droit à bâtir. Alors que le prix du mètre carré ne cesse de grimper, la tentation est grande, au cours des dernières décennies, de raser l’existant pour faire place à des copropriétés », introduit Sylvain Boichut de John Taylor. En témoignent, côté Californie, Saint-Michel et Saint-Michel Valeta, Château Montjoli, Sémiramis, Champfleuri et ses jardins classés ou encore Mariposa, vendue en 1975 à un promoteur et commercialisée ensuite par John Taylor. D’autres n’échappent pas à la concentration démographique, mais parviennent à conserver leur architecture. C’est le cas de Camille-Amélie, longtemps dans le giron de la famille des chocolats Menier, de Wenden ou du Château Scott. Enfin, certaines propriétés demeurent à usage individuel, à l’instar de La Tropicale, La Favorite, acquise l’an dernier par un Européen de l’Est, ou Le Château Louis XIII, propriété d’un homme d’affaires européen depuis 30 ans. John Taylor propose actuellement à la vente, après deux ans de rénovation, Le Château Soligny. D’architecture néogothique, la pièce maîtresse développe 1185 m2 dans un parc de 1 ha. Prix affiché à 55 M €. En parallèle, dans la partie basse du terrain, la résidence « 87 Soligny » recèle 9 appartements, entièrement orientés sur la mer, entre 20.000 et 30.000 €/m2. « Villa Saint-Cyres » appartient à une famille d’industriels français pendant une bonne partie du XXe siècle. L’an dernier, un investisseur l’acquiert. Aujourd’hui, l’existant associé à un projet d’agrandissement portant à 1970 m2 la superficie habitable totale, vaut 25 M € (hors travaux). A l’exception de quelques objets, dont Le Château de La Croix-des-Gardes, qui reste individuel, Eleonore-Louise, l’ancienne demeure de Lord Brougham divisée en appartements, ou encore Villa Rothschild, transformée en médiathèque, les bâtisses Belle Epoque ont peu à peu disparu de La Croix-des-Gardes. Si la clientèle ne vise pas forcément le style en première instance, elle se révèle, ensuite, attirée par les surfaces colossales et le charme de ces constructions historiques. Difficile d’ignorer cet aspect : au-delà d’un lieu de villégiature c’est toute une histoire que dissimulent ces hauts murs. La Villa Soligny a, par exemple, abrité Aristide Boucicaut, fondateur du commerce moderne, et son épouse, tous deux connus pour leur grande générosité. Ceux-là même qui inspirèrent Emile Zola lors de l’écriture de l’ouvrage « Au bonheur des dames », largement tiré d’une enquête sur le Bon Marché.

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Dans le prestigieux domaine du Cap Martin, cette propriété pied dans l’eau affiche 850 m2 entièrement rénovés (dix chambres, six salles de bains et trois pièces de réception), au cœur d’un parc de 4500 m2. Catégorie de bien à partir de 25 M €. Waldorff (04 93 74 74 74).
Dans le prestigieux domaine du Cap Martin, cette propriété pied dans l’eau affiche 850 m2 entièrement rénovés (dix chambres, six salles de bains et trois pièces de réception), au cœur d’un parc de 4500 m2. Catégorie de bien à partir de 25 M €. Waldorff (04 93 74 74 74).
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D’architecture néogothique, le Château Soligny, situé dans le quartier cannois de La Californie, offre au total 1185 m2 au sein d’un parc de 1 ha. 55 M €. John Taylor (04 97 06 65 65).
D’architecture néogothique, le Château Soligny, situé dans le quartier cannois de La Californie, offre au total 1185 m2 au sein d’un parc de 1 ha. 55 M €. John Taylor (04 97 06 65 65).
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Cet hôtel particulier du Mont-Boron abrite 400 m2 (trois suites et un deux-pièces indépendant) sur un terrain plat de 1500 m2, rehaussé d’une piscine. 4.350.000 €. Century 21 Lafage Transactions (04 92 00 82 82).
Cet hôtel particulier du Mont-Boron abrite 400 m2 (trois suites et un deux-pièces indépendant) sur un terrain plat de 1500 m2, rehaussé d’une piscine. 4.350.000 €. Century 21 Lafage Transactions (04 92 00 82 82).

« Le quartier de l’Est niçois du Mont-Boron arbore, également, des propriétés historiques : Le Château de La Tour, La Villa Beau Site et l’ancienne écurie du Château de l’Anglais, qui a appartenu à Alain Decaux, Sean Connery et Edwige Fenech », précise Benjamin Mondou de Century 21 Lafage Transactions. Les hôtels particuliers les plus spacieux ont été reconfigurés en copropriétés. Certains sont encore à pourvoir en intégralité, offrant en moyenne de 400 à 600 m2 sur des parcelles d’environ 1500 m2. Parmi les dernières ventes, le professionnel décrit un édifice de 450 m2, jadis réalisé à la demande d’un Russe blanc désireux de gâter sa maîtresse, et, ironie du sort, récemment retombé dans l’escarcelle d’un autre Russe moyennant une somme légèrement inférieur à 10 M €. Beaulieu n’est pas en reste en matière de Belle Epoque. Si le centre-ville accueille des immeubles entiers dans la mouvance, le boulevard Edouard-VII affiche de belles villas individuelles. La clientèle apprécie la belle pierre, l’histoire et la France en général. Russe, anglo-saxonne, américaine ou chinoise, elle conserve l’architecture et dote l’intérieur d’une décoration et d’un confort dernier cri.

« Preuve que le Belle Epoque a encore de l’avenir : certaines constructions récentes, fraichement sorties de terre sur la Côte d’Azur, en respectent tous les principes », conclut Christelle Mayen.


Ecrit par
Laetitia Rossi - 19 décembre 2013