Le luxe à Mougins
La « ville-jardin », sise sur les hauteurs de Cannes, doit son surnom à son territoire paysager, largement consacré à la construction de villas individuelles. D’après les chiffres observés en 1999, 62 % des logements sont des maisons. De plus, la bourgade de 19.910 habitants est clairement axée sur le prestige.
A 6 km de la Méditerranée, au nord de la Cité des Festivals et du Cannet et au sud de Grasse, la banlieue bucolique de Cannes reçoit 18 % de la technopole de Sophia-Antipolis. Les chênes verts, les pins et les cyprès ponctuent le verdoyant paysage. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, Mougins s’inscrit comme une adresse touristique de premier choix. Le centre historique, un village perché des plus pittoresques, héberge une vingtaine de galeries d’art et des restaurants de renom, tandis que l’étang de Fontmerle, 5 ha, et le parc forestier de la Valmasque, 427 ha, campent un immense terrain de jeux. En l’espace de sept ans, la population augmente de 22 %. Quatre cliniques, quatre crèches, six écoles et deux collèges, sans oublier les nombreux commerces, facilitent le quotidien des riverains.
« L’excellente image de Mougins résulte d’une bonne communication sur l’extérieur. La localité, jouissant d’une belle proximité, est à la fois le faubourg chic de Cannes et la porte d’entrée de l’arrière-pays », introduisent Maria-Anna Burger, cofondatrice, et Jean-François Favelier, gérant du groupe Burger Sotheby’s International Realty. En outre, la commune se distingue par le niveau de ses équipements. Les golfs, le Country Club Cannes Mougins et le Royal Mougins, portent haut ses couleurs, tout comme les domaines fermés et gardés, parmi lesquels Les Parcs de Mougins, Le Domaine de la Chapelle et Le Parc Saint-Martin. Très apprécié par la clientèle étrangère, le label constitue un gage de sécurité et de communauté, une configuration rassurante relevant d’un principe connu à l’international. Les secteurs résidentiels et calmes, offrant des vues sur le village et des échappées azur, Le Redon, Notre-Dame-de-Vie, Les Colles, voire l’environnement immédiat du cœur historique, à condition d’éviter les nuisances sonores, remportent également un franc succès. Le luxe démarre à 2,5-3,5 M €, la somme requise pour 300 m2 habitables sur une parcelle de 1500-3000 m2 dans un ensemble privé, pour atteindre 20 M €, l’enveloppe exigée pour plus de 700 m2 sur un terrain de plusieurs hectares dans le très prisé quartier du Redon par exemple. Parmi les cinq dernières transactions organisées par la prestigieuse enseigne sur Mougins, trois se situent entre 4,5 et 10 M €.
« Même au creux de la vague, le segment cristallise une demande constante. Le frein tient davantage à la pénurie de produits conformes aux attentes d’acquéreurs aguerris aux critères internationaux. » Alexandra Merz de L&F peine à proposer aux intéressés dix références en adéquations avec leurs besoins dans une fourchette de 5 à 10 M €. « A 10-12.000 €/m2, l’acheteur doit pouvoir espérer un niveau de finitions optimum. Or, il se heurte souvent à une réalité de marché tout autre. D’ailleurs, le clé en main au confort dernier cri part sans délai. Comme les vues mer, les terrains plats et les superficies généreuses - 450 m2 au moins sur plus de 7000 m2. » De secondaire à l’origine, la vocation devient majoritairement principale. Mougins est sans doute l’une des villes des Alpes-Maritimes qui a connu, ces dernières années, la plus forte croissance démographique. Cette progression témoigne de la qualité de vie. Jusqu’en 2008, Britanniques et Scandinaves l’emportent. Depuis 2009, place aux francophones, Hexagonaux, Suisses, Belges et Libanais, voire aux nouveaux clients, Indiens, Africains du Sud ou Chinois. Les ressortissants des Pays de l’Est préfèrent le littoral, même si l’ouverture récente de la section russe au CIV (Centre International de Valbonne) réunit quelques adeptes.
« Certains, en quête d’espace et de calme, tentent, en effet, l’aventure d’une retraite provençale, à la fois si loin et si proche de l’ébullition cannoise », complète Scarlett Rac de John Taylor. Une propriété de 600 m2 sur 3 hectares serait d’ailleurs sous compromis à légèrement plus de 5 M €. L’agence aurait, pour sa part, organisé la cession de 300 m2, auxquels s’ajoute une maison d’amis, sur une parcelle de 5000 m2 du côté de Saint-Barthélémy, acquise moyennant un montant similaire par un couple franco-russe en résidence principale. Toujours dans cette gamme, une unité de 600 m2 sur 7000 m2 vers Pibonson fait le bonheur d’une famille d’Européens du Nord. Monsieur s’acquitte des allers-retours professionnels, alors que les enfants effectuent leur scolarité à la Mougins School. Si l’on accepte de fixer le ticket d’entrée à 2,5 M €, le luxe représente 80 % des ventes orchestrées par John Taylor sur Mougins. Le plaisir et l’affect, bien qu’incontournables, comptent moins que la valeur patrimoniale.
Par Laetitia Rossi
