Le charme d’un village perché
Les Alpes-Maritimes et le Var recèlent de bourgs authentiques et séculaires. Il regardent la Méditerranée et symbolisent l’art de vivre en Provence. Si les uns proposent des solutions aux actifs locaux, les autres constituent des adresses d’exception. Propos recueillis par Laetitia Rossi
Unique et exclusif Saint-Paul
Sis à 15 minutes de l’aéroport international de Nice Côte d’Azur, le mythique village profite d’une position centrale entre la Préfecture des Alpes-Maritimes, Cannes et Monaco. Claudine Muller et Sébastien Verdoucq de l’agence Burns font le point…
Ultra résidentiel, le marché de Saint-Paul s’étend sur des collines verdoyantes, dominées par le village chéri des artistes. La Fondation Maeght et la Colombe d’Or contribuent à sa renommée sur le plan national et international. Chaque panorama embrasse la Méditerranée, de Saint-Jean-Cap-Ferrat aux Iles de Lérins, et les montagnes jusqu’au massif de l’Estérel. L’environnement est calme et l’accès, fluide à l’année. Des règles drastiques le protègent de l’urbanisation galopante observée sur la côte, un critère particulièrement apprécié par les investisseurs. L’architecture provençale règne sans partage. On distingue l’intra-muros et ses maisons chargées d’histoire (dans l’enceinte des remparts, l’appartement démarre à 250.000 € et peut dépasser le M €, un montant correspondant à une vaste surface prolongée par un jardin, une terrasse et un garage), la première couronne accessible à pied, avec ses maisons entre 1,4 et 4 M €, et les quartiers extérieurs. Certains sont nés de la fréquentation de vieilles familles françaises. Il en est ainsi pour Les Fumerates, entre 900.000 et 3 M €, La Souquée, entre 800.000 et 1,5 M €, ou le Malvan, entre 700.000 et 1,5 M €. D’autres s’épanouissent sur les hauteurs, la route des Serres, la Cairée, le chemin de l’Avencq, entre 2,5 et au-delà de 10 M e, et le fameux domaine privé « Les Hauts de Saint-Paul », entre 1,5 et plus de 10 M €. 60 % du parc immobilier relèvent de la résidence secondaire. La pénurie de foncier porte à 1 M € le minimum requis pour une parcelle plus ou moins plate orientée sur la mer. Pris d’assaut par les Anglais, les Danois, les Luxembourgeois et les Irlandais, l’endroit, discret à souhait, plaît également aux Européens de l’Est et aux Américains, qui opèrent leur retour.
Eze, un sublime piton rocheux
La première qualité d’Eze réside dans sa situation géographique. Le village, véritable belvédère sur la Méditerranée, s’élève à 429 mètres d’altitude, formant un paysage improbable, à 5 minutes seulement de Monaco. Patrick Angué de Sud Azur fait le guide…
Eze est une commune à la fois grande et éclatée », introduit le responsable de l’agence cinquantenaire. Le tourisme consacre le vieux village, ses établissements de prestige, La Chèvre d’Or, Le Château Eza, ou encore son Jardin Exotique. Les maisons en pierre, souvent sur deux ou trois niveaux, possèdent un accès piéton et des vues magnifiques. Très rarement à la vente, elles s’échelonnent de 30 à 150 m2 et sont mises à prix entre 250 et 800.000 €. 80 m2 avec terrasse, jardinet et panorama Méditerranée coûtent par exemple 650.000 €. Ici, la clientèle est essentiellement locale. Autour du bourg cher à Frédéric Nietzsche, on découvre des quartiers résidentiels dont celui du bord de mer. S’il s’épanouit juste en dessous, l’absence de liaison directe le met à 20 minutes de voiture du village. La fréquentation est à 70 % étrangère, italienne, anglaise, irlandaise, voire russe depuis peu. On compte deux immeubles pied dans l’eau, à 10.000 €/m2. Les villas, de 800.000 à 1,5 M € en moyenne, jouissent de petites parcelles. Contrairement à celles de Saint-Laurent d’Eze, une zone actuellement en phase de transition. Elle allie les propriétés de standing aux espaces plus agricoles. Reste à évoquer le Col d’Eze et la Grande Corniche. De belles demeures, à 500-600 mètres d’altitude, côtoient ici des maisons plus modestes. Ces derniers mois, on observe un léger tassement, excepté sur le haut de gamme (au-delà de 2 M €), un segment où la demande va toujours bon train.
Roquebrune-sur-argens, l’avantage proximité
Caractérisé par un superbe rocher qui domine la plaine de Fréjus et de Saint-Raphaël, le village est multiple et varié. Peter Vandenbriele de l’agence du Rocher anime la visite…
On distingue à Roquebrune-sur-Argens trois entités différentes : Les Issambres, la partie littorale et ses deux ports de plaisance qui se dressent face à la presqu’île de Saint-Tropez. 150 m2 habitables orientés sur la mer valent 900.000 €. Le secteur séduit les étrangers en résidence secondaire. Edifié au centre, le village millénaire offre des bâtisses au cachet inimitable autour de 350-450.000 €, que les locaux partagent avec les Européens du Nord, particulièrement réceptifs au charme de l’ancien. Seule ombre au tableau : la pénurie de produits. La Bouverie présente enfin une fréquentation locale et individuelle sur 95 % de son territoire. Les prix oscillent entre 350 et 600.000 €. Les amateurs de domaines plébiscitent également la commune. Les habitations affichent 200 m2 en moyenne quand les parcelles excèdent systématiquement 1 ha. Compter entre 1 et 1,2 M €. L’un des points forts du village varois réside dans la proximité des grandes cités, Fréjus, Saint-Raphaël et même Cannes, à 20 minutes de voiture par l’A8. Sans compter les infrastructures d’accueil, bien fournies, auxquelles s’ajoutent les commerces de Puget-sur-Argens, à 5 minutes de là. Les Alpes-Maritimes, plus élevées en prix, constituent d’ailleurs un excellent pourvoyeur de population. Le marché immobilier se porte bien sur l’entrée et le haut de gamme. La tranche 450-600.000 € voit l’offre l’emporter sur la demande… D’où un certain ralentissement.
Grimaud, la qualité de vie
Dans le Var, les ambiances se succèdent et ne se ressemblent pas, sans pour autant mettre plusieurs dizaines de kilomètres entre elles. A quelques encablures de la presqu’île tropézienne, Grimaud arbore le cachet d’un village médiéval. Le détail avec Hugo Skillington de l’agence éponyme.
A 5 km de la mer, plus précisément de Port-Grimaud, une célèbre cité lacustre, et à 10 km de Saint-Tropez, Grimaud bénéficie d’une position dominante, d’un climat plus tempéré que sur le littoral et d’une quiétude qui contraste avec le festif voisin. Les maisons de village arrivent sur le marché avec parcimonie et changent de main sans même nécessiter l’intervention d’un professionnel de l’immobilier. Le mètre évolue entre 5000 et 8000 € selon l’état. Contre 10.000 € dans les villas individuelles de la périphérie. 250 m2 sur 4000 m2 avec une vue Méditerranée se négocient, par exemple, aux alentours de 2,5 M €. Le même bien vaudrait 25 % de moins sans le panorama mer. Florissant depuis la fin des années 90, le marché se stabilise si l’on en croit les valeurs obtenues ces dix-huit derniers mois, excepté sur le segment haut de gamme comme le pied dans l’eau, toujours en hausse. « Il y a trente-cinq ans, je réalisais 10 % de mon chiffre avec les étrangers, aujourd’hui leur part représente 70 % », analyse Hugo Skillington. Ils ont la petite quarantaine, viennent d’Europe du Nord et profitent des moyens modernes de communication, des vols à bas prix et surtout de l’excellente desserte du secteur. Un paramètre qui limite la concurrence de l’Italie, notamment de la Toscane et de l’Espagne.
Propos recueillis par Laetitia Rossi.
