Le charme du Pays grassois
Les premiers cartulaires citant Grasse, considérée aujourd’hui comme la quatrième ville des Alpes-Maritimes, remontent au XIe siècle. D’abord orientée vers les métiers de la tannerie, la belle s’inscrit dès la fin du XVIIIe comme l’une des capitales du parfum. Avec les villages édifiés en périphérie immédiate, elle forme un univers paisible aux portes des grandes villes azuréennes.
Le paysage est bucolique à souhait. Cabris et Gourdon se penchent, souverains, sur la Grande Bleue, tandis que la sous-préfecture du 06 offre à ses 50.250 habitants un cadre où il fait bon vivre, sis à 20 km de Cannes et à 37 km de l’aéroport international de Nice. Le territoire s’anime de 100 à 1000 mètres d’altitude. Dans le centre, un secteur actuellement en pleine rénovation caractérisé par ses étroites ruelles, les constructions des XVIIe et XVIIIe siècles partagent la vedette avec les hôtels particuliers du XIXe. Les multiples hameaux et quartiers, plus ou moins cotés, Le Plan, Magagnosc, Plascassier, Saint-Jean, Saint-François, Saint-Jacques, Saint-Mathieu et Saint-Antoine, s’organisent autour. Place ensuite aux bourgs anciens empreints de cachet.
« A 40 mn seulement des premières stations de ski, Opio, Châteauneuf, Roquefort-les-Pins et Le Rouret bénéficient d’un environnement naturel de qualité et de vues magnifiques sur les collines, les oliveraies et la Méditerranée. Les résidents permanents, en poste sur Sophia-Antipolis ou Cannes, apprécient le niveau des infrastructures d’accueil, quand les vacanciers s’en donnent à cœur joie sur les verdoyants parcours de golf », commente Jeanne-Chantale Brun-Signoret de l’agence Opio-Rouret Immobilier. La majeure partie des recherches de logements individuels par les actifs locaux portent sur la gamme 550-800.000 €, une somme autorisant 130-150 m2 habitables, à remettre au goût du jour, sur des parcelles de 1000-1500 m2. Entre 700.000 et 1 M €, les acquéreurs se montrent plus exigeants. Les produits correspondant renferment, généralement, 165-250 m2 sur 1500-3000 m2. Pourvus d’une enveloppe de 1 M € et au-delà, ils peuvent espérer une bâtisse de 200-300 m2 et un jardin de 2500-5000 m2 au calme, jouissant de vues dégagées. Globalement, les tarifs varient de 3500 à 5800 €/m2 pondéré, lorsque le très haut de gamme atteint 7000 e/m2. Le foncier, une denrée rare en Pays grassois, s’écoule fort rapidement, à partir du moment où il ne fait pas l’objet d’une surévaluation. Il convient de débourser 340.000 € pour 2000-2500 m2 viabilisés, selon la qualité du lot, et 480-520.000 € pour 5000 m2. La responsable d’Opio-Rouret Immobilier constate l’arrivée, en 2010, d’Européens de l’Est. Un Russe vient, par exemple, d’acquérir 220 m2 à rénover sur 7000 m2 à Roquefort, face à la mer, contre 1.260.000 €, une superficie qu’il entend doubler.
Jean-Claude Caputo de Riviera Estates, représentant exclusif sur la Côte d’Azur du groupe de conseil immobilier anglo-saxon Savills, cite Grasse, Opio, Châteauneuf, Mouans-Sartoux et Valbonne comme les choix, classés par ordre d’importance, des clients du dernier exercice. La capitale du parfum présente, à bien équivalent, des barèmes inférieurs de 30 % par rapport aux valeurs observées sur Mougins, la banlieue chic et authentique de la Cité des Festivals. Les Britanniques, amateurs de vieilles pierres, apprécient les quartiers de charme orchestrés autour du cœur historique. Les golfeurs raffolent d’Opio, frappé par la pénurie de références disponibles. Castellaras et le chemin de Pigranel, à Mouans-Sartoux, remportent également un franc succès. Le village « international » de Valbonne s’avère, quant à lui, agréable et facile d’accès. « Comparable à Mougins, il attire - et c’est nouveau - les Russes, malgré l’éloignement du littoral », précise le professionnel, qui note aussi une large fréquentation hexagonale et le retour des Anglais. Les ventes récentes se situent entre 1 et 6 M €, avec une moyenne aux environs de 2 M €, le montant requis pour 250 m2 en bon état sur 2500-3000 m2, agrémentés d’une piscine. Le marché est actif et témoigne de l’engouement de la clientèle pour les villages de caractère établis loin de l’ébullition des rives méditerranéennes. Dès qu’un bien n’affiche aucun défaut et arbore une finition irréprochable, il ne subit quasiment pas de décote. A contrario, le produit à rénover et entaché de nuisances baisse considérablement si l’on se réfère aux grilles en vigueur en 2007.
Spécialisés dans le luxe, le groupe Michaël Zingraf et sa succursale d’Opio traitent les affaires de l’arrière-pays comprises entre 1 et 15 M €. « Le périmètre va de l’est - Saint-Jean, Saint-Mathieu et Plascassier, reliés à l’aéroport via la D2085, Magagnosc, Le Pré-du-Lac et Châteauneuf, dans la direction de Vence, et, plus loin, Opio et Le Rouret - à l’ouest - Saint-Jacques, Saint-Antoine, les vallées de Saint-François s’étirant jusqu’à Peymeinade et du Tignet vers le Var, sans oublier Spéracèdes et Cabris au nord. Mouans-Sartoux marque la limite sud du Pays grassois », définit Martine Vérots, Directrice de la Communication et attachée de presse. Côté art de vivre, il convient d’évoquer les excellents restaurants, dont les tables étoilées La Bastide Saint-Antoine, Lou Fassum et Le Clos Saint-Pierre. Sans doute moins réputées que les fleurons du bord de mer, ces communes promettent quiétude et authenticité, sans pour autant renoncer à un panel varié de services nécessaires au quotidien des riverains. Les zones plus abordables dites « balcons », situées à flanc de colline et orientées sur la Méditerranée, comme Magagnosc, Le Pré-du-Lac et le nord de Grasse, concentrent des unités entre 800.000 et 2 M €. Toujours dans les mêmes prix, Saint-Jacques et Saint-Antoine, proches de la pénétrante, séduisent les intéressés de la proximité de Cannes ou de Sophia. Les amoureux de nid d’aigle préfèrent Spéracèdes et Cabris. Les terrains commercialisés 2 M € sur Mougins et 5 M € à Cannes s’échelonnent ici entre 1,3 et 1,450 M €. Les propriétés d’exceptions - comprendre des constructions multiséculaires parfaitement restaurées dans des domaines de plusieurs hectares - dépassent rarement 15 M €. Jusqu’à la fin du siècle dernier, le Pays grassois apparaît comme l’adresse de prédilection des parfumeurs, des Cannois et des Niçois en villégiature. Depuis la mise en service d’un performant réseau routier, l’arrière-pays d’hier fait aujourd’hui partie intégrante de la Côte d’Azur. Face au succès grandissant, les localités veillent au maintien de l’équilibre entre les espaces verts et les surfaces bâties. Les acheteurs, issus d’un flux migratoire allant du rivage à Grasse, sont cultivés, originaires du nord de l’Europe, entrepreneurs ou cadres supérieurs. Inversement, les parents d’adolescents se rapprochent des villes animées de la bande côtière. Tous aiment les bergeries, les mas et les bastides cernées d’une végétation généreuse. Parmi les ultimes cessions, Martine Vérots décrit une villa de six suites, trois pièces de réception et un studio indépendant, sur 5000 m2 ouverts sur la campagne, les montagnes et la mer, obtenue par un Sud-africain et une Britannique moyennant 1.750.000 €. Des Français expatriés s’offrent une Belle Epoque sur Saint-Jacques - 280 m2 habitables auxquels s’ajoute une grange de 120 m2 à restaurer - et un terrain attenant permettant de briguer une constructibilité totale de 750 m2, à 2 M €.
Par Laetitia Rossi
