L’appartement de prestige à cannes
Que de chemin parcouru ! Du village de pêcheurs ligure de l'Antiquité à la station balnéaire de renommée planétaire du XXIe siècle. Cannes, 73.000 habitants, fait du prestige son fer de lance. Si le panel de villas va toujours plus loin dans l'offre, l'appartement, notamment le très en vogue penthouse, tient la distance.
Au XIXe siècle, le grand chancelier d’Angleterre, Lord Henry Brougham, s'installe à Cannes et entraîne dans son sillage toute l’aristocratie anglaise. Depuis, la bourgade ne cesse de prendre du galon, se dotant d'infrastructures tou-jours plus pointues. A l'instar du parc immobilier qui, sur le segment collectif, reste susceptible d'atteindre 35.000 €/m2. La commune de l'ouest des Alpes-Maritimes s'organise en croissant sur le rivage méditerranéen. Si le littoral est hyper urbanisé, des espaces vierges subsistent sur le massif de La Croix-des-Gardes notamment. La Croisette, autrement dit le front de mer où se trouve le célèbre Palais des Festivals et des Congrès, aligne les boutiques de luxe, les ports de plaisance et les palaces, dont les incontournables Majestic-Barrière, Martinez et Carlton. La Californie, une enclave à la végétation luxuriante baptisée « colline des milliardaires », remonte sur l'est cannois, alternant villas et copropriétés de standing. L'avenue du Roi-Albert, le chemin de La Californie et l'avenue des Pharaons restent les artères les plus prisées. Les façades orientales et néo-gothiques rappellent le faste de la Belle Epoque. D’autres rendent grâce au mouvement Art déco. 70 % des habitations relèvent là de la résidence secondaire.
« La notion de prestige naît de la conjonction de trois critères : une adresse sélecte, un immeuble de qualité et une surface généreuse. Viennent, ensuite, la configuration de la terrasse, la vue, l'étage et les prestations intrinsèques du bien », introduit Renaud Espitalier de Marly Privilège. Les références dotées de tous ces atouts demeurent peu nombreuses. La Croisette n'en compte, par exemple, pas plus de vingt à pourvoir. Du coup, les prix se maintiennent naturellement. Un appartement de 200 m2, auxquels s'ajoutent 200 m2 d'extérieur, coûterait 6 M € ou plus selon l’état. La disparité historique entre les différentes parties du boulevard n'est plus d'actualité. Si la valeur commerciale change d'un numéro à l’autre, l'immobilier reste une affaire de choix entre l'animation et la tranquillité. Le centre recèle des bâtiments relativement récents. La portion comprise entre Le Martinez et Le Majestic-Barrière abrite 80 % d’ensembles dits de prestige. Le Henri IV, le 67 Croisette, Le Palais d'Orsay, Le Festival, Le Gray d'Albion, Le Saint-James et Le Marly remportent un franc succès. Le mètre carré démarre à 12.000 €, avoisine 35.000 € à de rares occasions, alors que le luxe commence à 20.000 e. Sur La Californie, le marché est plus large et étroitement lié à la résidence, à son parc, sa piscine, son dispositif de sécurité et son intendance. Le Château Montjoli, Le Saint-Michel, Le Mariposa et Le Sémiramis réunissent moult adeptes. La grille tarifaire oscille de 6000 à 15.000 €/m2, en fonction de la situation. Difficile d'évoquer le prestige sans aborder le thème du clé en main. La clientèle internationale s'avère sensible aux finitions, à la conjugaison de la technique et de l'esthétique et au degré d'équipement. Le four à vapeur, la cave à vin, le système d’hydromassage, la climatisation et la domotique constituent des classiques du genre. Maintenant, il convient de prendre garde quant à la décoration et au mobilier. En effet, les desiderata des acquéreurs varient selon leurs origines. Le marché haut de gamme se porte aussi bien sur le segment collectif que sur l’individuel, dans le domaine de la vente que de la location, à l'image des autres secteurs d'activités d'ailleurs.
« La Croix-des-Gardes, commercialisée de 5000 à 10.000 €/m2, s'inscrit comme une option de report par rapport à La Californie, notamment auprès des Français, des Britanniques et des Scandinaves », explique Jérémie Leclercq de Burger Sotheby’s International Realty. Le site en position dominante jouit d’une vue sublime sur la baie de Cannes, les Iles de Lérins et le massif de l'Estérel. Parmi les dernières ventes, le professionnel décrit ce penthouse de 200 m2, à rénover entièrement, ouvert sur 300 m2 de terrasse, à 1.850.000 €. Les Européens de l’Est commencent à s'intéresser au genre, même s'ils se positionnent davantage sur l'achat de villas. L’enveloppe minimum requise pour un appartement de standing équivaut à 1-1,5 M €, soit le montant déboursé pour un T3 de 90-100 m2 sur La Californie. Frédéric Ernandes revient, enfin, sur les ultimes transactions orchestrées par John Taylor : 200 m2 au Marly (Croisette) et sa magnifique terrasse font le bonheur d'un acheteur en résidence secondaire, moyennant 8,7 M €. Un Russe s’offre le dernier étage du Palm Building sur le boulevard Gazagnaire - 295 m2 en duplex plus 400 m2 en plein air rehaussés d'une piscine privative - contre 11 M e, un niveau atteint eu égard à la rareté des programmes neufs à Cannes. Dans la mesure où il est rénové, le penthouse, une denrée aussi courue que peu représentée, tient le haut de l'affiche. Curieusement, la valeur augmente dans les mêmes proportions que la superficie. Actuellement, on demande 12,5 M € pour 200 m2 restaurés, prolongés par 100 m2 d'extérieurs, juste au-dessus des boutiques de luxe de La Croisette, face au Suquet et aux Iles de Lérins. L'emplacement mythique sécurise l'investissement, malgré l’effort financier induit. La possession d’un appartement sur le fameux front de mer demeure une véritable
carte de visite à l'échelle planétaire.
Par Laetitia Rossi
