Grimaud, un marché stable
La commune de 4240 habitants arbore trois visages distincts : le village médiéval qui domine la cité lacustre de renommée internationale et le quartier littoral de Beauvallon. Etape incontournable sur le golfe de Saint-Tropez, elle séduit les amateurs de calme et de confidentialité.
Situé à 12 km de Sainte-Maxime, le bourg, arrimé à flanc de colline, s’articule autour de l’église romane et du château. Si l’histoire débute à l’époque gallo-romaine, au Moyen-âge le piton ne laisse pas insensibles les fins stratèges désireux de protéger la côte des attaques maritimes. La construction de la cité lacustre commence sur les terres marécageuses en 1966. François Spoerry imagine « un village tel qu’il aurait été si les architectes n’avaient pas existé. Issu du passé, mais en accord avec les hommes et les choses du présent », soit 12 km de quais, des places ponctuées de boutiques ou de cafés, de verdoyants jardins, un bâti intime et coloré. Les Allemands plébiscitent la marina débarrassée de véhicules avant de laisser la main aux Britanniques, aux Belges et aux Hexagonaux. Beauvallon, que certains associent à Sainte- Maxime, possède une plage, un golf et un domaine privé de premier ordre. Le site bénéficie d’une exposition sud et d’une vue magnifique sur la Méditerranée et Saint-Tropez.
« Sans jamais s’éloigner du pôle tropézien, Grimaud s’anime en dehors des flux de circulation observés sur le littoral en été », décrit Philippe Jager de Jager Immobilier. L’endroit attire les férus de sérénité et de discrétion, une majorité de Français, mais aussi des Anglais, des Belges et des Néerlandais, peu réceptifs au luxe ostentatoire, l’apanage de l’illustre voisin. La maison de village, 100 m2 habitables prolongés par une terrasse, démarre à 550.000 e, la villa de 250-300 m2 sur une parcelle de 2000-3000 m2, à 1,3 M €, tandis que la transaction moyenne tourne, dans la partie bucolique, autour de 900.000 €. L’agence s’apprête à commercialiser « Les Treilles de Grimaud », 25 unités, livrables en juin 2010, de 130 à 150 m2 sur 800 m2 à partir de 700.000 €, une gamme intermédiaire finalement peu représentée sur le secteur. Largement plus élevées, les grilles tarifaires de Ramatuelle et de Saint-Tropez empêchent toute comparaison, à l’instar de l’hétérogénéité du parc de Sainte-Maxime. Gassin, qui pâtit d’une circulation dense en été, affiche, à qualité équivalente, des coûts supérieurs, simplement justifiés par la frontière commune avec Saint-Tropez. Sis à maximum une demi-heure de voiture des entrées de l’autoroute quelle que soit la saison et moins concerné par les circuits touristiques que le rivage, Grimaud profite des services et des nombreux commerces de Cogolin. « La localité jouit de la notoriété du golfe et offre à ses riverains la possibilité d’accéder aux festivités tropéziennes sans forcément subir le style de vie bling-bling », s’amuse Hugo Skillington de la structure éponyme. Port-Grimaud s’inscrit comme un révélateur de santé économique. Hyper réactif aux fluctuations de la finance internationale, le micromarché porte la tendance du moment. L’acquéreur se préoccupe d’obtenir un emplacement de bateau avant même d’opter pour un produit immobilier. Si le mètre carré vaut, parfois, deux à trois fois plus que dans le village, il englobe le coût de l’amarrage. Ainsi, un appartement refait à neuf de 95 m2, ouvert sur une terrasse et un ponton de 11 x 3,20 m, atteint 995.000 €. Une maison de 250 m2, susceptible d’accueillir une embarcation de 25 m, se négocie 4 M €. Céline Delbergue de Chesterton Immobilier est mandaté pour trouver une propriété de 150-200 m2 (trois/quatre chambres) en bordure de canal. L’acheteur peut engager dans l’affaire jusqu’à 3,5 M €. Reste à trouver la denrée, rare dans le coin davantage caractérisé par les petites surfaces. « Sur la colline, ces envolées existent aussi », reprend Hugo Skillington. L’an dernier, une superbe ferme sur 2,5 ha s’enlève moyennant 7 M €. Actuellement, on exige 13,5 M € pour une bâtisse édifiée au XIXe siècle sur un terrain de 19 ha, dont une oliveraie et un vignoble générant de quoi couvrir la quasi-totalité des frais d’entretien. Idem sur Beauvallon : le cocktail plage, vues azur, golf et exposition sud s’échelonne de 1 à 8 M €. « Entre 1,5 et 3 M €, le quartier limitrophe de Sainte-Maxime reste ultra porteur », précise Céline Del-bergue. « Au-delà, il entre en concurrence avec Saint-Tropez, qui demeure l’adresse sélecte. » La spécialiste avoue la vente récente, contre 800.000 €, d’une villa de 150 m2 sur 2000 m2 avec vue mer, nécessitant 300.000 € de travaux. Sur les hauteurs, les maisons gagnent en volumes et les panoramas, en relief, des mutations se traduisant automatiquement sur les prix. Contre toute attente, les agents immobiliers se disent pleinement satisfaits du premier trimestre 2009. « En réalité, depuis fin 2007, les stocks de biens de moins de 1 M € se reconstituent, alors que la demande témoigne d’une certaine timidité. La crise a pour effet d’assainir les fichiers et de réajuster les prix, aujourd’hui parfaitement stables. La situation diffère en tout point de l’effondrement noté au cours de la décennie 1990 », analyse Hugo Skillington. « Ici, nul n’agit dans l’urgence ou la contrainte. La négociation s’opère dans les limites de la décence. Le niveau de visites et de transactions s’explique par le retour à la pierre et à la terre, des valeurs concrètes, et par le choix de destinations sûres d’un point de vue politique et économique, telles que la France, le Var et le golfe de Saint-Tropez. »
Par Laetitia Rossi
