Monumentale contemporaine
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Monumentale contemporaine

Visite guidée d'une maison couleur sable signée Philippe Caron.


Une maison couleur sable, signée Philippe Caron, se distingue nettement dans le paysage de Super-Cannes. Visite guidée…

Lorsque l’on sait que le style contemporain fait l’objet de seulement 0,2 % des permis de construire déposés dans la région, on prend toute la mesure de la rareté de ce bien. La bâtisse se dresse souveraine face à la mer, à Golfe Juan et au Cap d’Antibes. Le portail à peine franchi, le ton est donné. Une allée, puissante de sobriété, une porte, sombre et métallisée. Si on en a l’intuition, la monumentalité ne s’impose qu’une fois à l’intérieur. Le vertige de l’espace, la séduction des volumes… Le regard se perd, bien vite rattrapé par la géométrie du lieu. Le salon constitue le point d’orgue : neuf mètre de hauteur sous-plafond, d’immenses baies vitrées, un gigantesque verrière, des petites trouées hors d’atteinte, des meurtrières pour la symétrie. La lumière inonde la pièce, la magnifie, lui donne toute sa force. De chaque côté, des ouvertures. La plus évidente, sur la droite, introduit la salle à manger. Pas le temps de prendre possession de l’endroit, l’œil est immédiatement attiré par la cuisine : des rangements à perte de vue, un électro-ménager-œuvre d’art, un îlot central, l’emploi affirmé de l’Inox, des nuances de noir et de gris contrastées par la virginale hotte. Sur la gauche du salon, on devine, par l’interstice de colonnes plus larges qu’espacées, le coin home cinéma.

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Majestueuses, les colonnes confèrent à la construction toute son orthogonalité. Le travail de la matière béton lui apporte rythme et relief.
Majestueuses, les colonnes confèrent à la construction toute son orthogonalité. Le travail de la matière béton lui apporte rythme et relief.
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Qui a dit que les lignes droites limitaient l’espace, que les volumes géométriques constituaient un obstacle à la perspective ? Cette bâtisse offre un contre-exemple parfait : les pièces se succèdent sans rupture visuelle ; les murs se déclinent en colonnes, en niveaux ou en demi-cloisons ; les volumes se structurent sans jamais s’étouffer. Chaque univers fonctionne comme un tableau aux détails soignés, une porte ouverte sur un autre espace. Pas de place perdue ou de non-sens architectural…
Qui a dit que les lignes droites limitaient l’espace, que les volumes géométriques constituaient un obstacle à la perspective ? Cette bâtisse offre un contre-exemple parfait : les pièces se succèdent sans rupture visuelle ; les murs se déclinent en colonnes, en niveaux ou en demi-cloisons ; les volumes se structurent sans jamais s’étouffer. Chaque univers fonctionne comme un tableau aux détails soignés, une porte ouverte sur un autre espace. Pas de place perdue ou de non-sens architectural…
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Le salon extérieur de 150 m2, tout de bois conçu et entièrement ouvert, offre une vue à 360° sur la campagne cannoise, le littoral de Golfe Juan et le Cap d’Antibes. Carnet : surface : 600 m2. Une demeure principale (quatre chambres, trois salles de bains), une maison de gardien et une troisième réservée aux amis sur 6300 m2 de terrain. Architecte : Philippe Caron. Prix : catégorie de produits à partir de 10.000.000 €. Contact : ABC 2000 (04 92 59 07 07) Chétry Immobilier (04 93 38 83 88).
Le salon extérieur de 150 m2, tout de bois conçu et entièrement ouvert, offre une vue à 360° sur la campagne cannoise, le littoral de Golfe Juan et le Cap d’Antibes. Carnet : surface : 600 m2. Une demeure principale (quatre chambres, trois salles de bains), une maison de gardien et une troisième réservée aux amis sur 6300 m2 de terrain. Architecte : Philippe Caron. Prix : catégorie de produits à partir de 10.000.000 €. Contact : ABC 2000 (04 92 59 07 07) Chétry Immobilier (04 93 38 83 88).

Cette première visite permet d’attribuer à chaque pièce sa fonction. De nouveau au centre de la bâtisse, on analyse la structure. Trois marches pour accéder au salon, des ouvertures de différentes tailles ou formes, un plafond incliné et percé sur le ciel, des colonnes qui rythment la perspective pour mieux la bouleverser. Austère et chaleureux à la fois, le traitement de la couleur, noire au sol grâce à la pierre du Mont-Ventoux, claire partout ailleurs. Mais c’est encore du second niveau, depuis la coursive qui court sur toute la longueur, que l’on observe le mieux le travail de l’architecte. Au détour d’une forme bétonnée, on devine une pièce, une deuxième, une troisième, à la manière d’un loft qui se développerait à l’infini. C’est volontairement que l’on ne se prononce pas sur la décoration de la maison, sa configuration étant déjà en soi sa marque de fabrique. Tout lui sied pourvu que cela s’inscrive dans la monumentalité. On n’imagine pas un foisonnement de meubles et d’objets, mais une sélection fine. Ses immenses murs agissent comme des cimaises destinées aux tableaux les plus colorés. On pense volontiers à des sculptures aux formes phalliques comme pour rappeler la hauteur de l’ensemble. Côté mobilier, on opte pour le 70 dans sa version la plus légère ou pour le franchement contemporain avec ses lignes pures, géométriques et aériennes. L’étage supérieur accueille les quatre chambres et les trois salles de bains. Et comme si la nuit appelait plus de chaleur, le bois foncé prend le pas sur la pierre. L’appartement de maître fait écho au premier niveau : toujours ce souci de l’espace et de l’ouverture. Aucune faute de goût…

« Trop froid », dénonceront les plus réfractaires à l’évolution des styles. « Si évident », est-on forcé d’admettre. On y a résisté au nom de l’intégration au paysage, mais cette architecture contemporaine n’est-elle pas en réalité la solution. L’extérieur pénètre le lieu depuis chaque ouverture. La végétation méditerranéenne, la mer et son cap béni des dieux… On n’hésite plus, on sort sur les immenses terrasses dallées, essentielles à l’équilibre du plan. La piscine en contre-bas avec sa mosaïque verte, noire, grise, très tendance et malheureusement trop peu répandue, se fond dans la nature. Et puis, il y a cet univers, colonial et moderne à la fois. Le bois, les poutres apparentes et les mains courantes métalliques. Un salon dans le parc, ouvert aux quatre vents, déconcertante alliance de la tradition et de la contemporanéité. Quelques pas dans le jardin, happé par la vue sublime. Demi-tour… On la découvre enfin et pour la première fois. La bâtisse principale, véritable paquebot dans son écrin de verdure. Deux immenses colonnes, deux autres en retrait, soutiennent une imposante toiture. La construction avance, au niveau de la salle à manger et du home cinéma et se retire devant le salon. Des masses cubiques et fonctionnelles dans l’esprit d’un Le Corbusier. Afin d’échapper à la massivité, le concepteur a travaillé la matière, y faisant apparaître, par un habile relief, carrés et rectangles, mais aussi une succession de moulures, clin d’œil à l’époque romaine. Même logique dans le dessin des ouvertures, savamment ponctuées par des bandes d’aluminium noir. Depuis le côté, la symétrie rassure davantage encore : une terrasse, un vide, une terrasse, et toujours l’enfilade de colonnes, garante de la majesté. On s’imprègne de l’ensemble, on assimile les détails et l’on oublie tout. Il n’y a plus que le vert et le bleu, le jardin et la mer.

Surprenante dans le paysage local, cette contemporaine ne sacrifie pas l’art de vivre à la pureté du design. Tout y est : la part belle à la lumière, le culte du jardin, les nombreux espaces de détente. La nature demeure reine, la maison s’efface pour mieux la servir.

Par Laetitia Rossi - Photos Edith Andreotta