Vent d’optimisme à Saint-Jean-Cap-Ferrat
Dès 1908, année de l’édification du Grand Hôtel, les fortunés de la planète commencent à regarder avec envie la péninsule. 282 ha arborés, cernés par la Méditerranée. Un éden luxuriant qu’auréolent, aujourd’hui, quelques 500 villas.
Les uns attribuent son succès à sa situation, entre l’aéroport international Nice Côte d’Azur et la très prisée Principauté de Monaco. Les autres considèrent que son cadre verdoyant et ses images de carte postale suffisent seuls à justifier l’engouement. Têtes couronnées, aristocrates, grands noms de l’art ou du cinéma se bousculent à Saint-Jean-Cap-Ferrat. La baronne Ephrussi de Rothschild prend possession de 7 ha en surplomb de la Méditerranée, quand Léopold II roi des Belges s’offre le versant ouest. Henri Matisse, Marc Chagall, Charlie Chaplin, Jean Cocteau, Edith Piaf, Elisabeth Taylor, Jean-Paul Belmondo, Roger Moore, Tony Curtis, Romy Schneider, Winston Churchill, le Général de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing, Georges Bush et Bill Clinton écrivent l’histoire de l’avancée de terre, complantée d’oliviers, de palmiers et de pins d’Alep.
« Le premier trimestre de l’année, une période traditionnellement calme, se révèle particulièrement actif », constate Beatrix Eikel d’Engel & Völkers. La demande de petites villas ou d’appartements dans le village de 800.000 à 1,5 M € va bon train. La professionnelle évoque une référence de 67 m2 à rénover, orientée sur la mer, partie en un week-end à 800.000 €. « Sur le cap, le segment de 10 à 13 M € fait également des émules. Au-delà de 20 M €, le marché est plus calme. » Une morosité que Beatrix Eikel associe au retrait des Russes. Maintenant, la propriété pieds dans l’eau et la villa jouissant d’une magnifique vue mer tirent leur épingle du jeu. En témoignent cette bâtisse de 650 m2 à la vue époustouflante sur la Grande Bleue et son bel espace piscine, à deux pas de la plage et du port, un bien acquis par des Britanniques résidant à Monaco moyennant 20 M €. Anglais et Suisses sont très présents, lorsque les Italiens se montrent particulièrement friands des adresses dans le village. Si la grande majorité des acheteurs cible la villégiature et le plaisir, tous conservent l’investissement patrimonial en ligne de mire.
Alex Balkin de Savills confirme la prédominance des étrangers, notamment ceux basés à Londres, avant de souligner le resserrement autour des adresses premiums, autant de valeurs sûres. Saint-Jean-Cap-Ferrat s’inscrit dans la logique, à l’instar de Saint-Tropez, Courchevel ou encore New York. Reconstitués, les stocks de biens s’échelonnent, sur le segment individuel, de respectivement 2,5 M € dans le village et 4 M € sur le Cap à plusieurs dizaines de millions. En octobre 2015, un Européen du Nord s’acquitte de la somme de 21 M € en échange de 350 m2 à restaurer intégralement dans un jardin de 3840 m2. Les grands appartements - comprendre au-delà de 120 m2 habitables - pourtant très recherchés, manquent et entrent pleinement en concurrence avec les parcs immobiliers de Villefranche-sur-Mer et Beaulieu-sur-Mer, plus généreux dans la catégorie. Le mètre carré se négocie environ 8000 €, sans terrasse et vue mer, et de 15.000 à 20.000 €, voire plus, avec tableau marin et prestations haut de gamme. Les communes limitrophes ont à leur avantage des grilles tarifaires plus compétitives et des centres davantage animés.
« Les prises de contact et les visites aboutissent plus rapidement, avec une forte pression sur le marché de la villa, une nette inclination pour le cap et un cœur de cible entre 5 et 15 M € », décrivent Elena Tkachuk et Indira Lausevic de Marks’ Real Estate. A 5 M €, il convient de briguer une villa agréable de 200-300 m2 à rafraîchir sans vue mer sur un terrain de 1200-1500 m2. 15 M € laissent entrevoir 350 m2 habitables, une pleine vue sur la Méditerranée et un généreux parc. A moins de leur préférer un pied dans l’eau. Ici, confidentialité et discrétion prévalent aux relations commerciales. Très souvent, les clients sont recommandés et déterminés dans leur choix. Pas plus d’une dizaine par an, ils apprécient la pérennité de l’investissement, le calme, le site naturel et l’adresse, véritable label sur la Côte d’Azur, dont la réputation rayonne, désormais, à travers toute la planète.
