La Croisette à Cannes
Le Palais des Festivals, sans doute le lieu le plus médiatique de la Côte d’Azur, Le Majestic-Barrière, Le Carlton et Le Martinez, parmi les palaces les plus renommés de la planète... Difficile d’imaginer que la célèbre promenade du littoral cannois n’était pas encore « carrossable » il y a à peine plus d’un siècle et demi.
L’histoire débute en 1853 lorsque Marius Barbe, maire de Cannes, obtient de l’État la concession de la portion littorale, bien décidé à y aménager une promenade. Quelque trois ans après, les propriétaires font réaliser une voie de cinq mètres de large. Point de départ de la construction de ce qui allait devenir la célèbre Croisette avec ses villas, ses hôtels et son centre nautique. 150 ans de transformation urbaine plus tard et Cannes prend, selon une étude menée par Citi Private Bank et Knight Frank en 2007, la 6e position mondiale des places immobilières derrière Londres, New York, Tokyo, Hong-Kong et Monaco.
« La Croisette cristallise toujours une demande soutenue, particulièrement sur le front des appartements haut de gamme, les étages élevés et les penthouses, situés dans la portion centrale du quartier, entre Le Martinez et le 77 Croisette, une adresse-label, une véritable marque », précise Laurence Chaleil de Côte d’Azur Sotheby’s International Realty. Les biens de prestige, du goût des Moyen-Orientaux, développent des surfaces au-delà de 130 m2, négociées ici de 20.000 à 35.000 €/m2 selon l’état. Plus à l’écoute que par le passé, les vendeurs se montrent désormais ouverts à la discussion et prêts à revoir leurs prétentions à la baisse. L’environnement immédiat du Palais des Festivals suscite la convoitise des investisseurs, désireux de profiter de la rentabilité locative générée par les célèbres manifestations cannoises tout autant que de sécuriser la pérennité de leur patrimoine. Palm Beach intéresse une clientèle différente, davantage portée sur la résidence semi principale ou principale notamment composée de Français. La grille tarifaire fait le grand écart entre 12.000 et 30.000 €/m2, la fourchette haute étant pratiquée au sein de magnifiques résidences, certes excentrées, mais qualitatives dans leur construction, bénéficiant de vues époustouflantes et d’un univers calme et serein à quelques encablures de l’agitation du littoral.
« La Croisette est incontestablement le marché qui s’est le mieux maintenu sur son segment de prestige », insiste Jean-Christophe Hym de l’Agence Europa. « Elle constitue la promesse d’une accessibilité pédestre aux boutiques de luxe et autres lieux de divertissement, d’un panorama azur sur la baie de Cannes et les îles de Lérins. La belle s’inscrit comme l’une des cinq avenues les plus sélectes de la planète, partageant le classement huppé avec les Champs Elysées à Paris et la 5e de New York. La vente récente d’un lot commercial de 80 m2 et autant de sous-sol à plus de 15 M € laisse songeur. » La vue est le critère récurrent. Il existe une dichotomie réelle entre les niveaux supérieurs au 4e et les étages inférieurs, dont le panorama peut potentiellement se révéler obstrué par les arbres. Le centre Croisette, orienté plein sud, recèle des appartements luxueux, des superficies généreuses, des toits-terrasses ou des jardinets en surplomb des magasins. Palm Beach, exposé ouest, abrite aussi des immeubles cotés, dont le Marly. C’est là également que se dresse la villa A, un bâtiment collectif en cours de rénovation et de reconfiguration en individuel. Les quatre niveaux à la décoration ultra contemporaine et aux prestations exclusives pourraient être habitables fin 2016. Parmi les dernières transactions, le spécialiste évoque deux références au Grand Hôtel, la seule résidence en retrait de La Croisette - une disposition qui lui vaut de jouir d’un jardin : 112 m2 en parfait état, à 2,6 M €, et 100 m2, plus élevés dans les étages, à 2,8 M €. 70 m2 à remettre au goût du jour, sis juste au-dessus de Dior, trouvent, enfin, preneurs à 1,7 M €.
Sylvain Boichut annonce la sortie prochaine d’un programme unique sur La Croisette, commercialisé par John Taylor. La Compagnie des Immeubles Parisiens, Société Immobilière auteur de magnifiques réalisations dans la capitale française telles le 58-60 Av Foch ou le 51 Av d’Iéna dirige l’actuelle rénovation d’une des trois cages d’escalier du Relais de la Reine, jadis un hôtel, puis résidence de tourisme à l’état de projet avant de devenir résidentiel en 1994. A cette époque, John Taylor qui assure la commercialisation de l’Immeuble convainc un investisseur anglais qui s’offre la cage d’escalier complète – huit étages de deux appartements chacun et trois lots commerciaux, aujourd’hui occupés par Céline, Giorgio Armani et Armani Caffè. Tous sont alors dédiés au marché locatif saisonnier . La Compagnie des Immeubles Parisiens acquiert récemment l’intégralité et confie le projet de rénovation au Studio Guilhem & Guilhem.
Le potentiel ne fait aucun doute lorsque l’on songe qu’un Saoudien s’offre, à l’été 2015, 200 m2 environ au Relais de la Reine moyennant plus de 9 M € et que, lors du dernier Lions, Google loue les seize appartements. Si les parties communes sont en cours de refonte, chaque appartement sera personnalisé selon les désidératas des acquéreurs, prêts à débourser à partir de 2,5 M €, le prix de 95 m2 au premier étage avant réhabilitation. De même, ils pourront à l’envi décider de réunir deux lots pour obtenir 210 m2 habitables.
