Cannes, un vent d’optimisme
Cannes doit son développement et ses bâtisses Belle Epoque à Lord Brougham et à l’aristocratie anglaise de la fin du XIXe siècle. Mais sa notoriété planétaire incombe clairement au très médiatique Festival International du Film, au cadre de vie de l’ancien port de pêche et à son climat idyllique.
Au-delà du mythe strass et paillettes entretenu par le Festival du film, Cannes s’inscrit comme la deuxième ville de congrès du pays, derrière Paris, et sans doute comme l’une des destinations françaises les plus prisées. Véritable amphithéâtre sur la Méditerranée, elle arbore un parc immobilier aussi diversifié que ses quartiers : de son célèbre littoral à son secteur historique du Suquet, de l’ultra résidentielle Californie à La Croix-des-Gardes, en passant par Super-Cannes et le Pezou, tous deux jouissant de sublimes plongées sur la baie de Cannes. En 2007, une étude menée par Knight Frank et City Private Bank dans le cadre du rapport sur la richesse, désigne la Cité des Festivals 6e ville la plus onéreuse de la planète. Si la période qui succède au classement est moins propice à l’immobilier et à l’investissement, la belle azuréenne témoigne d’une intéressante capacité de résistance.
« Le récent déclic tient au fait que les vendeurs acceptent enfin de faire preuve de pragmatisme et de revoir leurs prétentions tarifaires à la baisse », introduit Beatrix Eikel d’Engel Völkers. En outre, le taux de change monétaire se révèle intéressant pour les Britanniques, les Suisses et les Américains… Autant de populations déjà conquises par le charme et le potentiel patrimonial de Cannes. L’appartement d’un certain standing d’environ 80 m2 habitables, entre 800.000 et 1,5 M € selon la vue et l’état, au sein d’une résidence de prestige avec jardin et piscine telle que Le Sémiramis, se porte bien. Certains acquéreurs visitent aussi du côté de La Croix-des-Gardes à condition d’y trouver une condition parfaite, des prestations irréprochables et un panorama azur. Une grande surface réunissant ces critères vient d’ailleurs de changer de propriétaire moyennant 7950 €/m2, lorsque La Californie affiche un ratio moyen de 9000-10.000 €/m2 et des pointes à 16.000 €/m2. Anglais et Moyen-orientaux se montrent particulièrement généreux en termes de budgets, tandis que Parisiens et Allemands ne dépassent pas 1,5 M € pour un appartement et 2 M € pour une villa. Récemment, l’un d’entre eux s’allège de 1,7 M € en échange d’une maison de quatre chambres sur une parcelle de 1700 m2 avec piscine au Cannet.
Paul Bernard, Directeur de l’agence John Taylor à Cannes, évoque un volume de vente en 2015 accru de 30 % par rapport à l’exercice 2014. « La baisse de prix générale amorcée l’an dernier n’est pas étrangère à cette reprise. Villas et appartements font montre du même dynamisme. Si les Russes sont moins représentés que par le passé, la clientèle demeure très cosmopolite. John Taylor consolide ainsi ses partenariats avec les Etats-Unis, notamment avec l’enseigne Corcoran New York. » Les Scandinaves et les Anglais continuent à se positionner, rejoints par quelques Asiatiques, sur des appartements entre 1 et 3 M € et des villas de 2 à 6 M €. A bien exceptionnel, effort équivalent : en témoigne l’engouement pour les penthouses et les luxueuses propriétés au-delà de 10 M € et la demande soutenue associée aux tarifs élevés de l’incontournable Croisette. Exigeante, la clientèle met le prix mais s’avère intransigeante en matière de qualité. 2016 pourrait bien confirmer cette tendance optimiste d’autant que Monaco ne semble plus connaître la crise, Paris retrouve des couleurs et Saint-Tropez récupère des parts de marché.
« Il y a toujours un décalage entre la capitale et le littoral azuréen », précise Laurence Chaleil de Côte d’Azur International Realty. Maintenant, il est évident que les deux adresses cristallisent deux typologies d’acheteurs quelques fois distinctes. Paris attire aussi les investisseurs purs. Cannes couple la transaction plaisir et le placement patrimonial. Les indicateurs cannois sont au vert, néanmoins, le marché n’a pas encore retrouvé sa totale vivacité. Sur la dernière année, la professionnelle décrit trois secteurs constants : La Croisette, qui s’échelonne de 15.000 à 47.000 €/m2, La Californie, autour de 12.000 €/m2, et La Plage du Midi. Parallèlement, la politique de la ville, axée sur « le bien vivre », est en perpétuelle amélioration. L’arrivée des Européens de l’Est avait provoqué une flambée inflationniste sur l’immobilier. Aujourd’hui, l’heure est à la raison. Les délais de concrétisation se sont certes allongés, mais Cannes reste tout aussi regardée par le monde entier. A commencer par l’Asie. Encore timides et peu déterminés dans leur choix, les ressortissants du continent multiplient déjà les prises de contact.
